3 500 emplois d’avenir en Picardie. Intervention de Nathalie Brandicourt lors de la CP du 29 mars 2013

Monsieur le Président,
Chers collègues,

Telle que définie, la cible retenue concerne plus que d’autres notre région avec son nombre très élevé de sortie sans qualification.

L’ouverture dès l’âge de 16 ans sans attendre que le ou la jeune ne soit installé dans l’échec, voire le rejet, situations extrêmement destructrices qui obèrent chaque jour un peu plus l’avenir.

Quitter le système scolaire sans qualification ou avec une qualification qui ne correspond pas à ses projets professionnels ne signifie pas être dépourvu de qualités, de compétences et de désir de s’insérer professionnellement et socialement.

Entrer dans la vie active

Avoir un emploi reste la meilleure façon de favoriser l’insertion sociale :

Un travail à temps plein, payé au smic, avec engagement de formation, beaucoup de femmes à temps partiel contraint en rêvent.

J’ai entendu 3 ans et après ? C’est déjà 3 ans, aujourd’hui beaucoup de jeunes et moins jeunes salariés s’interrogent sur leur espérance de vie dans l’entreprise et aimeraient avoir la certitude que ce sera au moins trois ans, quand ils enchaînent pas les CDD de quelques jours qui ne permettent même pas l’accès au logement.

L’exigence d’une formation qualifiante affirmée par la loi est essentielle, le tutorat dans l’entreprise ou service, l’accompagnement devront contribuer à y parvenir.

La région s’engage à agir à la fois sur l’entrée en mettant ses outils spécifiques au service des jeunes et sur la professionnalisation pour préparer la sortie du dispositif avec un maximum d’atouts et accéder à l’emploi de manière durable.

Les secteurs concernés par les emplois d’avenir sont ceux « d’utilité sociale ou de préservation de l’environnement encore les secteurs créateurs d’emplois« , comme par exemple les services à la personne, le domaine du numérique, l’animation, le développement durable et les collectivités territoriales.

C’est également un moyen de favoriser l’économie sociale et solidaire qui de par son fonctionnement et ses valeurs répond concrètement aux maux de la crise économique actuelle et propose une alternative au système économique « classique » via des emplois de qualité, non délocalisables.

Ces « emplois d’avenir », pour qu’ils portent bien leur nom, doivent également s’inscrire dans des filières d’avenir, permettant la relance de l’économie grâce à la mise en place de la transition écologique.

Opportunité pour l’ESS de renforcer ou développer de nouvelles activités, de remplacer les départs en retraite nombreux prévus dans les années à venir, de faire partager des valeurs et des ambitions.

Nous ne prétendons pas que cette mesure réglera à elle seule le problème de l’accès à l’emploi des jeunes.

Certes le problème de fond des sorties du système scolaire sans qualification reste entier, le chantier est ouvert. La priorité donnée à l’école primaire est juste, c’est très tôt que se forge le goût d’apprendre, c’est très tôt que s’installe aussi le sentiment d’échec et le risque de décrochage.

Le retour à une formation digne de ce nom pour les futurs enseignants avec la création des ESP, les postes de maîtres surnuméraires dans les secteurs particulièrement sensibles, permettent d’espérer des résultats.

Mais  leurs effets ne seront mesurables que dans quelques années.

Aujourd’hui la réalité est là, 170 000 jeunes chaque année, peut-on continuer à  dire « c’est la faute à l’école » et accepter cela comme une fatalité ?

3 500 possibilités offertes aux jeunes les plus fragiles de notre région ne se refusent pas,  ils ont besoin de perspectives, et nous avons besoin d’eux.

C’est un signal de confiance en la jeunesse, même fragile, que nous envoyons, pour lui donner une chance de se construire une expérience, d’accéder au logement, à l’indépendance, de reprendre confiance, de retrouver l’estime de soi et s’ouvrir un avenir. Ce que chacun est en droit d’attendre de la vie.

Je vous remercie.

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