« Agir sur la rénovation thermique des logements et la qualité de l’air intérieur est une nécessité »

La Picardie : une région en pointe dans les domaines des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique.

 

La Picardie mise depuis longtemps sur la maîtrise des consommations énergétiques et la rénovation thermique des bâtiments. Elle vient d’ailleurs de créer un Service Public de l’Efficacité Energétique (SPEE), géré en régie, qui vise à rénover  dans un premier temps 2 000 logements en trois ans, avant un rythme de croisière de 10 000 rénovations par an. Ce dispositif accompagnera les habitants dans toutes leurs démarches : conseils, financements, aide à la maîtrise d’ouvrage, entretien, maîtrise des consommations.

Il vient compléter l’appel à projet FEDER « lutte contre la précarité énergétique par la rénovation thermique des logements à caractère social » qu’avait lancé la région Picardie. Il se conjugue également au financement d’opérations pilotes de rénovations thermiques performantes (PREBAT) qui vise à réduire d’un facteur 4 à l’horizon 2050 les émissions de gaz à effet de serre dans les bâtiments.

Enfin, il s’ajoute au développement d’une offre ambitieuse de formation régionale aux nouvelles compétences vertes des métiers du bâtiment, avec notamment 39 plates-formes dédiées sur le territoire régional. En Picardie, la rénovation thermique des logements représente une véritable filière d’avenir en termes d’emplois. La création du SPEE va ainsi créer 650 emplois et c’est pourquoi nous investissons dès maintenant dans la formation aux métiers verts du bâtiment.

Au niveau national, ce sont d’ailleurs plusieurs centaines de milliers d’emplois qui devraient être générés par la rénovation des 500 000 logements par an. La  politique menée par la Ministre du Logement permettra en effet d’amplifier ce qui se fait en Picardie avec le Plan de Rénovation Energétique de l’Habitat mais aussi avec le taux de TVA réduit pour les travaux de rénovation thermique.

 

Lutter contre la précarité énergétique  c’est aussi améliorer l’état de santé des occupants.

Ce jeudi 12 décembre a lieu un colloque organisée par la Fondation Abbé Pierre sur l’impact de la précarité énergétique sur la santé des habitants. Une étude en ce sens dont les résultats ont été présentés en avril 2013 avait été menée dans l’Hérault, financée par la Fondation mais aussi la Région Languedoc-Roussillon et l’Agence Régionale de Santé. Une autre, toujours initiée par la Fondation mais menée dans le Douaisis (Nord) confirmait ces résultats en octobre dernier.

La « précarité énergétique » est caractérisée par des logements moins ventilés et moins isolés (traces d’humidité ou moisissures par exemple), des difficultés à se chauffer et des dépenses d’énergies très importantes par rapport aux revenus.

Les deux études montrent que les états de santé différents existent entre les habitants exposés à la précarité énergétique et ceux qui ne le sont pas.

Ainsi, différentes pathologiques chroniques mais aussi aigües sont plus fréquentes chez les habitants des logements mal isolés : « bronchite chronique, asthme ou migraines » pour les premières, « rhumes et angines, bronchites aiguës ou grippe » pour les deuxièmes. Par ailleurs, ces habitants sont plus nombreux à présenter des symptômes comme les « sifflements respiratoires, crises d’asthme, rhumes des foins, rhinorrhées ou maux de têtes ». Enfin, la dernière étude menée sur le Douaisis montre que les adultes exposés à la précarité énergétiques sont plus souvent victimes d’anxiété et de dépression.

 

Une politique efficace de lutte contre la précarité énergétique doit prend en compte les aspects de santé environnementale liés à la qualité de l’air intérieur.

Face aux épidémies de maladies chroniques qui touchent notre société, toutes les politiques publiques (restauration collective, soutien à l’agriculture biologique, qualité de l’air dans les bâtiments publics) doivent aujourd’hui intégrer la dimension santé-environnement dans leurs choix.

Certaines régions, comme la Picardie, première région française à se doter d’une politique santé environnement spécifique, et aussi l’Ile-de-France et Rhônes-Alpes se sont ainsi engagées dans des politiques volontaristes en la matière.

La politique régionale picarde Santé-Environnement s’attache notamment à lutter contre la pollution de l’air intérieur. En effet on estime que nous passons les quatre cinquièmes au moins de notre temps à l’intérieur, et donc la qualité de l’air intérieur aura un effet déterminant sur notre santé. Si l’isolation des logements permet de résoudra des problèmes d’humidité et de santé liés aux moisissures, il faut cependant veiller à ce que de nouveaux problèmes liés à l’isolation n’apparaissent pas. En effet, un logement très bien isolé aura tendance à se comporter comme une boîte étanche et il faudra veiller à ce qu’une ventilation efficace y soit également installée afin d’assurer le renouvellement de l’air. De plus, dans ce contexte d’étanchéité, les matériaux de décoration, d’ameublement et d’isolation même peuvent émettre des polluants nocifs pour la santé, comme les composés organiques volatiles ou le formaldéhyde.

Il y a donc lieu d’agir pour prévenir les risques liés à ces substances en croisant les impératifs d’efficacité énergétique et de qualité de l’air intérieur. Ainsi, tandis que le CODEM œuvre déjà dans ce domaine, la région Picardie accompagnera en 2014 la création et le développement de la Fabrique de l’innovation qui aura pour objectif de développer les produits de construction et de rénovation innovants, souvent biosourcés, dont la faible émissivité devra être un critère de  sélection. La Région met également en place des Conseillers en environnement intérieur qui réalisent des diagnostics sur la qualité de l’environnement intérieur en partenariat avec l’association ATMO Picardie. Elle réalise également des études dans ses lycées afin de surveiller la qualité de l’air intérieur.

Il s’agit désormais pour les pouvoirs publics d’amplifier ce mouvement et d’inclure au maximum la dimension santé-environnement dans les politiques publiques.

 

François Veillerette, vice-président Alimentation, Santé, Environnement.

Christophe Porquier, vice-président Climat-Energie, Eco-Développement.

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