« Mission Pauvros : un rapport politique mais rien de neuf sur le canal irréaliste et inutile »

Communiqué de presse des élus EELV au Conseil Régional de Picardie

 

Le député-maire de Maubeuge Rémi Pauvros a remis au Ministre des Transports ce mercredi 11 décembre son rapport relatif à la construction du Canal Seine-Nord.

Ce rapport présente un projet quasiment inchangé par rapport au projet initial, en dehors de son financement (public, et non en partenariat public—privé) et de son pilotage (confiée à une société dédiée et non à VNF) avec un cout revu en apparence à la baisse.

Ainsi, on retrouve dans le rapport les fausses évidences rabâchées depuis des années sans être réellement étayées sur les emplois créés, sur l’activité économique générée, sur le report modal…

Pourtant, un rapport circonstancié et détaillé de l’administration d’Etat[1] avait préconisé en mars 2013 d’abandonner ce projet en épluchant l’ensemble de ces données, jugées peu réalistes, et avait donné raison aux arguments que les écologistes avancent depuis des années pour dénoncer son inutilité et les nombreux problèmes environnementaux et économiques qu’il pose.

Le député Pauvros avait alors été missionné pour sauver le canal face à des élus locaux qui pensent qu’un morceau de canal à grand gabarit relié au port de Rotterdam va relancer l’économie française. Cette mission politique a abouti logiquement aux conclusions qu’elle devait rendre depuis le début : resservir un plat déjà maintes fois réchauffé.

La contrepartie annoncée est une facture d’un milliard pour les collectivités régionales et départementales sur un total de 4,5 milliards. Cette somme est probablement sous-évaluée. Elle impliquerait que le coût de ce projet pharaonique soit tenu et que le financement européen soit porté à un taux de 40% au lieu de 6,22%.  Par ailleurs, cette somme concerne l’ouvrage et non les aménagements qu’il induit (plates-formes) qu’il faudrait ajouter à la facture.

Les élus régionaux écologistes de Picardie réaffirment ici que ce projet pharaonique ne correspond en rien aux priorités d’investissement dont le pays a besoin. Au même titre que l’aéroport Notre Dame des Landes, il est à ranger au rayon des grands projets inutiles.

Notre région a besoin d’investissements dans les transports ferroviaires du quotidien[2] et d’une relance du fret ferroviaire adossée aux ports français, avec la rocade ferroviaire nord.

Par ailleurs, on ne peut que s’étonner d’une contribution accrue des Conseils généraux de Picardie et du Nord-Pas-de-Calais pour ce projet alors que les départements peinent à boucler leurs budgets et qu’ils sont en compétence sur des missions touchant à l’action sociale, aux personnes âgées, aux transports scolaires pour les enfants…lesquels redeviennent payants dans certains départements !

Pour Christophe Porquier, élu écologiste au Conseil régional de Picardie « ce rapport n’apporte que des questions et pas de réponses crédibles. Le canal reste une arlésienne qui laisse penser que les réponses à la crise viennent d’infrastructures gigantesques reliées au marché mondial, ici via le port de Rotterdam qui est en cours d’extension. Nous lui préférons les choix économiques qui relocalisent les activités sur les territoires, et des investissements raisonnables orientés vers les besoins du quotidien pour se déplacer, se former, se loger… ».

Les élus du groupe EELV au Conseil Régional de Picardie.



[1] Inspection générale des finances et Conseil général de l’environnement et du développement durable.

[2] Quand les investissements seront-ils réalisés sur la ligne Amiens Boulogne ?

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